Endoscopie œso-gastro-duodénale (EOGD)
En résumé
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Endoscopie œso-gastro-duodénale (EOGD), aussi appelée "gastroscopie"
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Exploration de l'œsophage, de l'estomac et du duodénum
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À but diagnostique ou thérapeutique
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Contre-indiquée en cas de perforation digestive
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Complications rares : perforation, hémorragie, infection, risques inhérents à l'anesthésie, troubles cardiovasculaires et respiratoires
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Nécessite parfois une adaptation des traitements habituels du patient (antiagrégants plaquettaires, anticoagulants, antisécrétoires gastriques...)
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Réalisée chez un patient installé en décubitus latéral gauche, à jeun strict depuis au moins 6 heures
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Réalisée sous anesthésie locale pharyngée le plus souvent, mais pouvant être réalisée sous sédation ou sous anesthésie générale
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Réalisée en ambulatoire le plus souvent
Indications et contre-indications
1) INDICATIONS :
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Dans un but diagnostique :
- symptômes digestifs hauts persistants malgré un essai de traitement adapté
- symptômes digestifs hauts associés à d'autres signes ou symptômes d'alarme évocateurs d'une pathologie organique sous-jacente (tels qu'une anorexie ou une perte de poids) ou l'apparition des symptômes après l'âge de 50 ans
- dysphagie ou odynophagie
- symptômes de reflux gastro-œsophagien persistants ou récidivants malgré un traitement adapté
- vomissements persistants de cause indéterminée
- chez les patients présentant des diarrhées et suspects d'avoir une pathologie intestinale, telle qu'une maladie coeliaque
- saignement digestif :
> actif ou récent
> en cas de suspicion de saignement chronique ou en cas d'anémie ferriprive, quand la situation clinique suggère une origine digestive haute et/ou quand l'origine n'a pas pu être établie par la coloscopie
- évaluation de lésions causées par une ingestion de caustique
- quand un prélèvement (de tissu ou de fluide) est indiqué
- confirmation et diagnostic histologique de lésions découvertes à l'imagerie :
> lésion néoplasique suspectée
> ulcère gastrique ou œsophagien
> sténose ou obstruction du tractus digestif haut
- documenter la présence de varices œsophagiennes chez les patients suspects d'hypertension portale
- évaluation per-opératoire de reconstructions anatomiques (par exemple : recherche d'une fuite anastomotique ; contrôle lors d'une chirurgie bariatrique)
- situations où une pathologie digestive haute associée pourrait modifier la prise en charge (par exemple : patients ayant un antécédent d'ulcère ou de saignement digestif et chez qui une anticoagulation ou un traitement par AINS au long cours est nécessaire)
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Dans un but thérapeutique :
- traitement de varices œsophagiennes
- traitement endoscopique de lésions hémorragiques, telles que : ulcères, tumeurs, anomalies vasculaires
- retrait de corps étrangers
- résection de lésions
- mise en place de sonde d'alimentation (gastrostomie percutanée endoscopique, jéjunostomie percutanée endoscopique)
- dilatation et mise en place de stent en cas de sténose
- traitement palliatif de sténose maligne
- prise en charge de l'achalasie
- traitement endoscopique d'une métaplasie intestinale
- prise en charge de complications opératoires
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Dans un but de suivi :
- surveillance des patients ayant un état pré-cancéreux, tels que : endobrachyœsophage, syndromes polyposiques (polypose adénomateuse familiale (PAF)), adénomes gastriques, tylose ou antécédent d'ingestion de caustique
2) CONTRE-INDICATIONS :
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Balance bénéfices-risques défavorable
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Consentement du patient impossible à obtenir
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Perforation viscérale connue ou suspectée
Complications éventuelles
Complications majeures, rares mais potentiellement graves :
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risque de perforation (0,03% à 0,1%) : elle est diagnostiquée en cours d'examen ou évoquée devant un emphysème sous-cutané cervical, une douleur thoracique, une défense abdominale, une dyspnée, une dysphagie, une fièvre ou une modification des paramètres de surveillance. La radiographie thoracique confirme le pneumomédiastin, le pneumothorax ou la formation d'un épanchement pleural.
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risque hémorragique (0,03%), augmenté par la prise d'AINS, d'antiagrégants plaquettaires ou d'anticoagulants.
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risque infectieux
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complications liées à l'anesthésie
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complications cardiovasculaires et respiratoires
Complications mineures :
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odynophagie (10%) survenant dans les 24 heures, durant 2 à 4 jours
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epistaxis (7%) et douleur nasale en cas de naso-gastroscopie
plus rarement :
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compression trachéale
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délogement dentaire
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déchirure muqueuse
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hématome duodénal, hématome sous-muqueux œsophagien, hématome rétro-pharyngé
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hémorragie sous-conjonctivale
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sub-luxation temporo-mandibulaire
Préparation à l'examen
ANESTHÉSIE :
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Types d'anesthésie possibles :
- aucune anesthésie ;
- anesthésie locale pharyngée ;
- sédation vigile ;
- anesthésie générale
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Choix du type d'anesthésie :
- La sédation intra-veineuse et l'anesthésie générale améliorent le confort et l'acceptabilité de l'EOGD et pourraient permettre une meilleure exploration.
- décision partagée par le médecin et par le patient.
- à discuter selon les modalités de l'endoscopie prévue (sédation plus importante nécessaire en cas d'écho-endoscopie ou de cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique par exemple) ;
- à discuter selon le terrain du patient (risques de l'anesthésie à mettre en balance avec le risque d'examen rendu difficile voire impossible du fait d'une mauvaise tolérance de l'examen et/ou d'une mauvaise compliance attendues).
- consultation pré-anesthésique indispensable en cas de sédation intra-veineuse ou d'anesthésie générale retenue.
AMBULATOIRE OU HOSPITALISATION :
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Dans la grande majorité des cas, l'EOGD est réalisée en ambulatoire.
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En fonction des modalités de l'endoscopie (par exemple en cas de cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique, ou en cas de complications per-endoscopiques) et/ou en fonction du terrain du patient (score ASA, niveau de compréhension, entourage, lieu de résidence...) une hospitalisation pour surveillance peut être nécessaire.
GESTION DU RISQUE HÉMORRAGIQUE EN CAS DE TRAITEMENT ANTIAGRÉGANT PLAQUETTAIRE OU ANTICOAGULANT :
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Si le patient prend un traitement antiagrégant plaquettaire ou anticoagulant, une adaptation de son traitement peut parfois être nécessaire selon ses facteurs de risque thrombotique et le risque hémorragique de la procédure endoscopique prévue.
Pour plus de détails :
GESTION DU RISQUE INFECTIEUX :
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La réalisation d'une EOGD ne nécessite, en règle générale, aucune antibioprophylaxie.
Pour plus d'information sur les rares situations qui nécessitent une antibioprophylaxie :
PRÉ-REQUIS POUR LE PATIENT :
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Rester à jeun strict (sans boire, ni manger, ni fumer) les 6h précédant l'endoscopie ;
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Si nécessaire, stopper certains traitements tel qu'indiqué par le médecin gastro-entérologue ou anesthésiste (par exemple, antiagrégant plaquettaire, anticoagulant, antisécrétoires gastriques, antibiotiques...) ;
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En cas de sédation ou d'anesthésie générale, prévoir une tierce personne pour raccompagner le patient à son domicile après l'endoscopie et une tierce personne présente aux côtés du patient durant la nuit suivant l'examen.
Déroulement de l'examen
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Installation du patient : en décubitus latéral gauche le plus souvent
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Mise en place de l'anesthésie retenue : aucune anesthésie / anesthésie locale pharyngée / sédation vigile / anesthésie générale
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Déroulement de l'EOGD :
> Introduction de l'endoscope par la bouche ou le nez
Le vidéo-endoscope est équipé :
- d'un tube d'introduction souple de faible diamètre avec une tête optique permettant d’éclairer et de visualiser l'intérieur de l'œsophage, de l'estomac et du duodénum (jusqu'à la partie moyenne de D2)
- d'une poignée de commandes permettant de manœuvrer la partie distale du tube, d’actionner des pistons (d’insufflation d’air ou de dioxyde de carbone, d’aspiration de gaz ou d’eau, et de lavage de la lentille de la tête optique), de passer des instruments (dans un ou des canaux opérateurs qui courent le long du tube d’introduction), d’enregistrer des photos ou des séquences vidéo et éventuellement de modifier les images (zoom, chromoendoscopie virtuelle)
> Observation des parois de l'œsophage, de l'estomac (après insufflation d'air) et du duodénum (jusqu'à la partie moyenne de D2)
> Réalisation de biopsies si nécessaire
> Réalisation éventuelle de gestes endoscopiques à visée thérapeutique (coagulation de lésions hémorragiques, dilatation de sténose, sclérose de varices, retrait d'un corps étranger...)
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Durée de l'EOGD : entre 5 et 15 minutes en général (parfois plus long, notamment en cas de réalisation de gestes thérapeutiques)
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Retour à domicile (en cas de prise en charge ambulatoire) :
> en cas d'EOGD sous anesthésie locale :
- Retour à domicile, généralement autorisé après une surveillance de quelques minutes à 2h.
- Pas de nécessité d'être raccompagné par une tierce personne.
- Possibilité de boire et de manger dès que l’anesthésie locale ne fait plus effet (soit environ une heure après la fin de l’examen).
> en cas d'EOGD sous anesthésie générale ou sous sédation :
- Retour à domicile après quelques heures de surveillance et après autorisation du médecin anesthésiste, en accord avec le médecin ayant pratiqué l'endoscopie.
- Une tierce personne doit raccompagner le patient à son domicile après l'endoscopie et doit rester présente aux côtés du patient durant la nuit suivant l'examen.
- La conduite de tout véhicule est proscrite pendant les 12h suivant l'anesthésie.
Outils d'aide à l'information du patient
Sources
Actualisation de la page
Date de création : 07/10/2019
Date de dernière mise à jour : 08/10/2019
Date de dernière révision : 17/09/2020