Endobrachyœsophage (EBO) ou œsophage de Barrett
code CISP-2 : D84
code CIM-10 : K22.7
En résumé
-
Définition : remplacement de l'épithélium normal malpighien du bas œsophage par un épithélium métaplasique intestinal ; dû à un processus de cicatrisation des lésions inflammatoires provoquées par un reflux gastro-œsophagien.
-
État pré-cancéreux : risque de dégénérescence en adénocarcinome œsophagien (faible, estimé à 0,3% par an) avec une séquence métaplasie intestinale/dysplasie de grade croissant/cancer.
-
L'EBO est asymptomatique en lui-même.
-
Diagnostic positif :
- aspect endoscopique évocateur : muqueuse d'allure glandulaire (rose saumon) au dessus de la jonction œso-cardiale donnant un aspect "d'ascension de la ligne Z" ;
- confirmation histologique : métaplasie intestinale.
-
Description endoscopique de l'EBO avec la classification CM de Prague (C = hauteur de la métaplasie circonférentielle ; M = hauteur maximale de la métaplasie), utile pour le suivi et pour définir le rythme de surveillance.
-
Le dépistage systématique de l'EBO n'est pas recommandé. Il peut cependant être proposé aux patients ayant un RGO ancien (> 5 ans) avec de multiples facteurs de risque parmi les suivants : âge ≥ 50 ans, race caucasienne, sexe masculin, obésité, antécédent au premier degré d'EBO ou d'adénocarcinome œsophagien.
-
La surveillance endoscopique et histologique d'un EBO est recommandée, pour les patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité.
-
La fréquence de surveillance de l'EBO dépend de la présence ou non d'une dysplasie ; de la longueur de l'EBO en absence de dysplasie
-
Traitement :
- aucun en cas d'EBO non dysplasique, asymptomatique ;
- IPP en cas d'EBO symptomatique ou associé à une œsophagite ;
- ablation endoscopique en cas d'EBO dysplasique.
Stratégie de prise en charge
Endobrachyœsophage (EBO) ou œsophage de Barrett
Stade
Stade
Stade
Stade
Stade
Nécessité d'un suivi en centre expert ?
Nécessité d'un suivi en centre expert ?
Nécessité d'un suivi en centre expert ?
Nécessité d'un suivi en centre expert ?
Nécessité d'un suivi en centre expert ?
Rythme de surveillance par endoscopie + histologie
(proposée aux patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité)
Rythme de surveillance par endoscopie + histologie
(proposée aux patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité)
Rythme de surveillance par endoscopie + histologie
(proposée aux patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité)
Rythme de surveillance par endoscopie + histologie
(proposée aux patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité)
Rythme de surveillance par endoscopie + histologie
(proposée aux patients dont l'âge et l'état physiologique sont compatibles avec le traitement envisagé en cas de malignité)
Traitement
Traitement
Traitement
Traitement
Traitement
Pas de dysplasie
Oui, si M ≥ 10cm (étendue maximale de l'EBO ≥ 10cm)
- Ligne Z irrégulière : pas de surveillance endoscopique
- Aspect glandulaire < 1cm (< C1M1) : pas de surveillance endoscopique
- Étendue maximale de l’EBO ≥ 1cm et < 3cm (M1 à M3) : tous les 5 ans
- Étendue maximale de l’EBO ≥ 3cm et < 10cm (M3 à M10) : tous les 3 ans
- Étendue maximale de l’EBO ≥ 10cm (≥ M10) : adresser au centre expert
Si un patient a 75 ans révolus au moment de sa dernière endoscopie de surveillance, sans preuve de dysplasie antérieure, la surveillance endoscopique doit être interrompue.
"Dysplasie indéterminée"
Relecture par un 2ème anatomopathologiste expert
Traitement par IPP puis contrôle endoscopique avec biopsies étagées (protocole de Seattle) à 6 mois
Si pas de dysplasie ou de nouveau "dysplasie indéterminée" : reprise de surveillance "pas de dysplasie"
Si dysplasie de bas grade : centre expert pour surveillance "dysplasie de bas grade"
TRAITEMENT EBO SANS DYSPLASIE :
Les formes non symptomatiques et sans œsophagite ne nécessitent pas de traitement. Les antisécrétoires au long cours et la chirurgie ne permettent pas de prévenir l’apparition d’une dysplasie ou d’un cancer. Ces traitements ne modifient donc pas les indications et les modalités de la surveillance endoscopique et histologique.
Dysplasie de bas grade (DBG)
Oui
Confirmation de la dysplasie de bas grade par un 2ème anatomopathologiste expert
Traitement par IPP puis contrôle endoscopique avec biopsies étagées (protocole de Seattle) à 6 mois
Si pas de dysplasie : surveillance à 1 an
NB : Après 2 endoscopies consécutives négatives pour le diagnostic de dysplasie, reprise d'une surveillance "pas de dysplasie"
Si DBG confirmée : ablation endoscopique recommandée
TRAITEMENT SPÉCIFIQUE DBG : ablation endoscopique recommandée
Dysplasie de haut grade (DHG)
Oui
Confirmation de la dysplasie de haut grade par un 2ème anatomopathologiste expert
Réalisation d'une endoscopie haute-définition en centre expert.
- Toutes les lésions suspectes de dysplasies doivent être réséquées pour analyse anatomo-pathologique.
- Si aucune lésion suspecte de dysplasie n'est visible : biopsies étagées 4 quadrants
Si pas de dysplasie sur les biopsies :
Traitement par IPP puis contrôle endoscopique avec biopsies étagées à 3 mois
Si DHG confirmée : ablation endoscopique recommandée (par radiofréquence de préférence)
TRAITEMENT SPÉCIFIQUE DHG : ablation endoscopique recommandée (par radiofréquence de préférence)
L’endobrachyœsophage symptomatique ou associé à une œsophagite doit être traité par IPP. Grade A
> Traitement de cicatrisation de l'œsophagite par IPP, au choix parmi :
- ESOMEPRAZOLE 40mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun, pendant 8 semaines
- LANSOPRAZOLE 30mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun, pendant 8 semaines
- OMEPRAZOLE 20mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun, pendant 8 semaines (en cas de résistance au bout de 4 semaines, passer à double dose (40mg x 1/j) pendant 4 semaines)
- PANTOPRAZOLE 40mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun, pendant 8 semaines
- RABEPRAZOLE 20mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun, pendant 8 semaines
> Endoscopie de contrôle pour contrôler la cicatrisation des lésions d'œsophagite.
> puis traitement de prévention des récidives d'œsophagite peptique par IPP au long cours, avec recherche de la dose minimale efficace (demi-dose si possible), au choix parmi :
- ESOMEPRAZOLE 20mg : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun
- LANSOPRAZOLE 15mg (ou 30mg) : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun
- OMEPRAZOLE 10mg (ou 20mg, voire 40mg) : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun
- PANTOPRAZOLE 20mg (ou 40mg) : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun
- RABEPRAZOLE 10mg (ou 20mg) : 1 prise par jour, de préférence le matin à jeun
Adénocarcinome
œsophagien
Sources
Actualisation de la page
Date de création : 12/09/2019
Date de dernière mise à jour : 24/09/2019
Date de dernière révision : 17/09/2020